Créer son jardin rêvé.
Vous l’aviez senti peut-être avec mon dernier article. Besoin d’aller me réfugier dans mon silence et d’être à son écoute. Besoin de calme et de solitude.
Cet hiver, la Vie m’a apporté une leçon. Une grande leçon.
Touchée par la mort soudaine de deux amis, combiné à une expérience personnelle difficile…Alors que rien ne présageait cela, j’ai senti mon monde s’effondrer.
Et il y a eu surtout cette petite voix à l’intérieure de moi qui a crié plus fort que d’habitude. « STOP, c’est fini ». L’ignorer et l’étouffer aurait été un suicide. Clairement.
J’ai appris à mourrir pour apprendre à me libérer
Je vivais toujours dans l’espoir que …
Je vivais dans la peur de… ne pas réussir, de « perdre ».
Alors qu’en fait, je n’avais rien à perdre…sauf moi-même.
Apprendre à poser des choix parfois douloureux tout en sachant rester dans la bienveillance et l’amour.
Comment pouvons-nous être nos propres saboteurs ? difficile n’est-ce pas d’aller chercher nos plus grandes peurs. Et on oublie parfois que la Vie est toujours à nos côtés pour nous guider si l’on sait écouter les messages qu’elle nous envoie. On oublie parfois que tout ce qui nous arrive, que ce soit douloureux ou non, fait partie de la réponse et que chaque expérience est là, et uniquement là pour nous faire grandir.
Ou disons qu’il nous faut un certain temps pour accepter de voir et de comprendre…
La tristesse m’habitait depuis quelque temps et ces événements m’ont plongée dans une profonde tristesse. Je me suis renfermée sur moi. Je me suis retrouvée prise au piège dans cette émotion. Vous savez, elle s’installe progressivement, on ne le sent pas venir et à un moment donné on se retrouve dans cette incapacité à agir. Connaissez-vous cette fable de la grenouille ? « Si l’on plonge subitement une grenouille dans de l’eau chaude, elle s’échappe d’un bond ; alors que si on la plonge dans l’eau froide et qu’on porte très progressivement l’eau à ébullition, la grenouille s’engourdit ou s’habitue à la température pour finir ébouillantée. » C’est exactement ce qu’il s’est passé.
Et là, c’est dur.
« Quand tu te sens mal, mets-toi en mouvement »
Alors que je me sentais m’engluée dans mes états d’âme et prise au piège dans ma tempête intérieure, je feuillette un de mes livres dans ma bibliothèque. J’aime faire cela. Ouvrir une page « par hasard »…lire les quelques lignes et entendre le message qui s’y cache. En quoi résonne-t-il dans ce que je vis dans l’instant présent ?
Ce matin-là, j’ouvre le roman d’Olivia Zeitline – Et j’ai marché pieds nus dans ma tête et le message ne pouvait pas être plus clair !
« Quand tu te sens mal, mets-toi en mouvement. »
Comment ? En switchant mon mode de pensée tout en influençant mon état émotionnel.
C’est ce qu’on apprend en thérapie stratégique. Permettre l’expérience d’un autre état émotionnel pour créer un changement, utiliser l’état émotionnel pour se remettre en mouvement.
Modifier seulement les réactions comportementales face à une situation ne suffit pas. Le changement reste superficiel. L’équilibre inconfortable pré-éxistant et le problème superficiellement modifié réapparaîtront. On ne fait que poser une rustine.
Giorgio Nardone nous explique qu’il faut modifier les aspects cognitifs (perception et réaction) mais aussi et surtout les aspects émotionnels. C’est dans ce cadre qu’il sera alors possible de changer la réalité que l’on s’est construite. Changer une réalité douloureuse pour une réalité moins douloureuse…car « La réalité est en quelque sorte relative » selon Watzlawicz.
« Au milieu de l’hiver j’apprenais enfin qu’il y avait un invincible été. «
Albert Camus.
Et cette phrase m’a beaucoup touchée…
De la tristesse qui m’a conduit à l’effondrement et l’isolement, je suis passée à la colère en mode « guerrière » mais guerrière pacifique. Je l’ai écoutée. Je suis restée à ses côtés, quelques temps… Le simple fait d’écouter, de reconnaître ce qui se passe en nous transforme la relation de ce que nous vivons. Le voile tombe et soudainement, on peut ressentir comme une traversée vers une nouvelle réalité. Subitement la lumière s’allume pour éclairer un nouveau paysage encore inconnu.
Puis cette phrase d’un maitre Zen m’est revenue…
« Ils sont venus à la maison, ils croyaient avoir tout voler mais en fait, ils ont oublié la lune. »
Questionner pour ouvrir un nouvel angle de vue, d’autres perspectives de la situation, travailler avec l’émotion qui fait agir…puis soutenir l’action, l’ajuster au fil des expériences, pendant une durée certaine pour ancrer pleinement le changement qui est en train de se mettre en place…
Savoir s’entourer, se faire épauler…
Tout ceci nous donne la capacité à nous remettre en mouvement. Un nouveau cycle peut se mettre en route. Ca tombe bien, nous sommes dans celui du printemps: période du renouveau. C’est le moment de re-naître à soi…en posant dans la réalité notre jardin rêvé pendant l’hiver…nourrit avec Cœur et Bienveillance.
Et il n’y a plus qu’à accueillir les belles surprises à venir!
Je vous souhaite de vivre dans un heureux jardin et si vous le souhaitez, je serai ravie d’échanger avec vous…
A bientôt, je vous embrasse
Claire
Véronique
27 avril 2018à10 h 26 minBonjour Claire,
Tu écris magnifiquement bien et j’aime beaucoup te lire + la photo qui est superbe.
Je souhaite que ce renouveau te porte et te fasse déployer tes ailes.
Je suis moi aussi à un tournant avec encore un déménagement dans 2 mois et de nombreux changements en septembre prochain mais en attendant, je profite de l’instant présent.
Je t’embrasse,
Véronique
Claire Bailliez
28 avril 2018à3 h 46 minBonjour Véronique merci pour ton message. Où partez vous cette fois? J’imagine que ces changements à venir ne doivent pas être simple à gérer. Tu garderas ton activité? En tout les cas, je te souhaite comme tu le dis, de vivre pleinement chaque instant présent surtout pendant ces grands changements! s’ancrer pour mieux avancer! Je t’embrasse et au plaisir d’avoir de tes nouvelles.
Jean Christophe MERIAU
1 mai 2018à22 h 26 minMerci pour ton beau témoignage habité et éclairé sur le cheminement personnel vécu. Les repères indiqués pour cheminer m’éclairent pour ma propre pratique de vie intérieure.
La photo que tu as choisie est magnifique pour illustrer « le jardin rêvé » à inscrire dans la réalité du quotidien et en toute saison.
J’ai compris dernièrement que les émotions font partie de notre vie. Elles ne sont pas à refouler car elles reviennent toujours et avec plus de force. Comme tu l’indiques, elles ne doivent pas nous envahir et diminuer, ou anéantir, notre action pour aller de l’avant.
Ta proposition de thérapie stratégique me parle et montre que les émotions peuvent aussi nous aider à rebondir pour reprendre l’action pour son bien-être, aimant et bienveillant.
Je confirme que cela me demande acceptation de soi, de l’entraînement à la prise de conscience de mon état intérieur. Cela se fait avec du temps et de la persévérance pour installer le changement. Car, comme pour le sportif, les progrès ne sont pas toujours présents après les premières séances d’entraînement.
Merci et bonne culture de ton propre jardin intérieur pour « cueillir les belles surprises à venir ».
Jean Christophe
Claire Bailliez
2 mai 2018à6 h 51 minBonjour Jean-Christophe,
Merci pour ton partage et je suis ravie de voir que tu avances sur ce chemin. Les émotions ne sont pas à combattre, effectivement. D’ailleurs la médecine traditionnelle chinoise l’avait bien compris en ne les considérant pas comme pathologique. Au contraire, elles consituent des modifications normales de l’activité de l’Esprit et participent à son adaptation au réel. Car le réel en soi n’est ni triste, ni joyeux, ni inquiétant, ni révoltant. C’est nous qui le ressentons comme tel. Ainsi nous teintons notre monde de la charge émotionnelle que l’on projette. Et ainsi notre esprit et notre description du réel sont définis par un a priori, d’ordre émotionnel.
Belle continuation à toi. Bises
Florence
4 mai 2018à16 h 12 minChère Claire,
Je te remercie de dévoiler l’intensité de ces moments qui semblent une éternité quand on les vit pleinement. Tes mots posés ont fait écho au départ de mon père de coeur. J’ai appris à accueillir pleinement ce par quoi je passais mentalement, physiquement, émotionnellement et aussi spirituellement. Je me le suis autorisée surtout. Ces semaines recroquevillées dans la tristesse m’ont permis d’aller au fond du puits de mes sens. J’ai été étonnée – et je le suis encore à ce jour – d’en avoir appris autant sur moi.
De chaleureuses pensées et de belles lumières cheminent vers Toi.
Florence
Claire Bailliez
7 mai 2018à9 h 56 minBonjour Florence, Merci pour tes mots. Effectivement, ils paraissent une éternité quand on les vit pleinement et …quelle gratitude ensuite pour leurs précieux enseignements. De tout mon coeur, je t’envoie mes plus douces pensées. Claire